Éric Dupond-Moretti est suspecté d’avoir utilisé à deux reprises, sitôt arrivé place Vendôme, les pouvoirs disciplinaires de son ministère afin de s’en prendre institutionnellement à des magistrats avec lesquels il a eu maille à partir quand il était avocat, que ce soit à titre personnel, ou pour le compte de clients et/ou amis intimes. Cela concerne aussi bien trois procureurs du Parquet national financier (PNF), en marge du procès Sarkozy-Herzog dans l’affaire Bismuth, ou le juge Édouard Levrault, dont les enquêtes ont fait trembler la principauté de Monaco.
Tout en démentant le moindre conflit d’intérêts, Éric Dupond-Moretti a discrètement fini par en reconnaître la réalité en signant en octobre dernier un décret au terme duquel il se déporte de la supervision de dossiers qu’il a eu à connaître quand il était avocat par le passé. La commission des requêtes de la CJR, qui réclame l’ouverture d’une enquête contre le ministre, a indiqué dans un communiqué que ce décret, pris postérieurement aux faits dénoncés, n’était pas de nature à éteindre le soupçon d’illégalité qui entoure les décisions du ministre contre le PNF et le juge Levrault.
Source : Mediapart, 08/02/2021