Le destin de l’association Anticor était entre les mains du gouvernement. Après déjà deux prolongations (du 2 au 10 février, puis du 10 au 12 février), le délai d’instruction du renouvellement de l’agrément de l’association – il lui permet de porter plainte dans les affaires politico-financières – a une nouvelle fois été prolongé par la direction des affaires criminelles et des grâces (DACG) du ministère de la justice. Cette fois-ci, la nouvelle date est fixée au 2 avril 2021, a indiqué Anticor sur Twitter. L’association a ajouté que l’agrément actuel, qui devait initialement expirer le 15 février, est “également prorogé jusqu’au 2 avril”.
Pour Anticor et ses 5.000 adhérents, il y avait urgence. Car faute de renouvellement ou de prorogation de l’agrément avant le 15 février, l’association aurait été privée de sa capacité à saisir la justice. Outre Anticor, deux autres associations de lutte contre la corruption bénéficient actuellement de cet agrément : Transparency France et Sherpa.
“En cas de perte de l’agrément, on ne pourra plus se constituer partie civile, on ne pourra plus plaider et, bien entendu, il nous sera impossible d’engager de nouvelles procédures”, précisait récemment l’avocate pénaliste Elise Van Beneden, présidente d’Anticor, à Libération. Dans cette hypothèse, encore possible, plusieurs dossiers judiciaires très médiatiques dont l’association est à l’origine risqueraient de tomber, faute de partie civile. Certains concernent des proches du pouvoir, à l’image des affaires qui visent Richard Ferrand – mis en examen pour prise illégale d’intérêts – et le secrétaire général de l’Elysée, Alexis Kohler.
Source : Capital, 13/02/2021