« Rafale Papers » : une affaire d’États enterrée

Mediapart révèle que l’Agence française anticorruption (AFA) a découvert qu’en marge du contrat à 7,8 milliards des Rafale vendus en 2016 par la France à l’Inde, Dassault a engagé 1 million d’euros en faveur d’un intermédiaire poursuivi pour blanchiment. L’avionneur justifie ce versement par un achat de maquettes de Rafale à la réalité douteuse. Mais contre toute logique, le directeur de l’agence a décidé de ne pas signaler ces faits à la justice.

De plus l’ex-patronne du Parquet national financier, Éliane Houlette, aurait classé l’affaire de la vente des Rafale à l’Inde contre l’avis d’un de ses adjoints chargé du dossier. Les noms des deux derniers présidents apparaissaient dans le dossier. Il fallait « préserver les intérêts de la France », a justifié la magistrate.

En inde, l’économiste et ancien ministre Arun Shourie, l’avocat et militant anti-corruption Prashant Bhushan et l’ancien ministre Yashwant Sinha, ex-figure du parti gouvernemental Bharatiya Janata Party, ont saisi en 2018 le Bureau central d’investigations de New Delhi d’une plainte visant le premier ministre indien Narendra Modi pour « abus de pouvoir » et « octroi d’avantages indus » en marge de la vente des Rafale, mais aussi pour « complicité » de ces délits Anil Ambani, Éric Trappier, le PDG de Dassault Aviation, et l’ancien ministre indien de la défense Manohar Parrikar. Les plaignants reprochent au premier ministre d’avoir profité de ses fonctions pour annuler un accord historique scellé en 2014 par les arsenaux publics Hindustan Aeronautics Ltd (HAL) avec Dassault prévoyant l’achat de 126 Rafale à construire pour 90 % en Inde, pour lui substituer un contrat de 36 appareils, deux fois plus coûteux à l’unité, moyennant un partenariat associant « l’un de ses amis de longue date », Anil Ambani, à Dassault Aviation. Un partenariat qu’ils jugent fictif, et destiné à orienter vers les sociétés d’Ambani créées pour l’occasion les investissements locaux que Dassault Aviation s’est engagé à effectuer à hauteur de 50 % du montant du marché des Rafale.

Source : Mediapart (04/04/2021), Mediapart (06/04/2021), Mediapart (10/10/2018)