L’Assemblée nationale saisit la justice pour possible « parjure » d’une haute magistrate

L’Assemblée nationale va saisir la justice pour possible « parjure » de Catherine Champrenault, procureure générale de Paris. Le bureau de l’Assemblée, sa plus haute instance collégiale, a décidé cette saisine ce mercredi à l’unanimité. Catherine Champrenault avait déclaré sous serment en juillet 2020 que le parquet général n’avait pas été « informé » de l’enquête du Parquet national financier (PNF) ayant conduit à éplucher les factures téléphoniques détaillées (« fadettes ») de nombreux ténors du barreau et de leurs collaborateurs.

Or un magistrat du PNF, Patrice Amar, avait écrit à Catherine Champrenault début 2019, accusant sa patronne d’alors, Éliane Houlette, d’avoir indirectement permis à Nicolas Sarkozy et son avocat Thierry Herzog de se savoir sur écoutes en 2014, selon un courrier révélé par Le Point fin février. Il évoquait à cette occasion une « enquête sur une violation du secret professionnel ». Patrice Amar, vice-procureur du PNF, était chargé du suivi du dossier de Nicolas Sarkozy ainsi que de l’enquête pour identifier l’éventuelle taupe ayant prévenu l’ancien président et Me Thierry Herzog en février 2014.

« Contrairement à ce qu’elle a déclaré lors de son audition, Mme Champrenault était donc bien informée de cette enquête et des nombreux détails portés à sa connaissance par M. Amar, dont une note d’analyse », ont écrit Ugo Bernalicis (LFI), président de la commission d’enquête sur l’indépendance de la justice, et Olivier Marleix (LR), vice-président, au président de l’Assemblée Richard Ferrand (LREM), dans un courrier consulté par l’AFP. Ces députés lui demandaient de saisir le bureau de l’Assemblée de ce témoignage, « potentiellement constitutif d’un délit de parjure ».

Source : Le Figaro, 14/04/2021