Liban : la fortune de Riad Salamé sous la loupe de la justice française

Deux plaintes pour des faits présumés de blanchiment et d’escroquerie, commis au Liban et à l’extérieur du pays, ont été déposées en France, auprès du Parquet national financier (PNF), contre le gouverneur de la banque centrale libanaise, Riad Salamé : la première plainte, déposée le 16 avril, émane de la fondation suisse Accountability Now, la seconde a été déposée le 30 avril par l’association Sherpa et le Collectif des victimes des pratiques frauduleuses et criminelles au Liban.

Dans le document transmis au PNF, que Le Monde s’est procuré, ces deux organisations arguent que M. Salamé, également de nationalité française, s’est constitué « un patrimoine de plusieurs centaines de millions d’euros » de manière illicite. Selon eux, le « montant disproportionné » de sa fortune personnelle, que ses salaires et traitements officiels ne sauraient justifier, « accrédite l’existence d’un blanchiment ».

Les accusations formulées dans la plainte de Sherpa et du collectif franco-libanais reposent sur une documentation variée, qui fait apparaître un écheveau de comptes et de sociétés d’investissement, domiciliés dans des paradis fiscaux, reliés par des montages opaques, souvent administrés par des prête-noms, comme Nadi Salamé, et dont Riad Salamé est le bénéficiaire ultime.

L’association Sherpa et le collectif de déposants franco-libanais a aussi saisi le PNF du chef d’escroquerie. Cette imputation renvoie aux « ingénieries financières » échafaudées par Riad Salamé, qui ont permis de dissimuler, pendant de longues années, l’insolvabilité structurelle de l’Etat, tout en offrant aux banques libanaises et à leurs actionnaires de juteux profits. Ce système, basé sur des taux d’intérêt défiant l’entendement, autour de 15 %, qui nécessitait un afflux toujours croissant de billets verts, a été qualifié de « pyramide de Ponzi » par de nombreux experts.

Source : Le Monde, 03/05/2021