« Passe-droits et combines », le « système Guérini » condamné au tribunal de Marseille

A 70 ans, Jean-Noël Guérini, patron incontesté de la Fédération socialiste des Bouches-du-Rhône, président durant plus de seize ans (1998-2015) du conseil général, a été condamné, vendredi, pour prise illégale d’intérêts à trois ans de prison dont dix-huit mois avec sursis – la partie ferme à purger à domicile sous bracelet électronique – , à une amende de 30 000 euros mais surtout à la privation pendant cinq ans des droits civils et civiques dont l’éligibilité. En assortissant cette sanction complémentaire de l’exécution provisoire, le tribunal contraint Jean-Noël Guérini, même s’il fait appel du jugement, à abandonner dans un délai très court ses mandats de sénateur et de conseiller départemental des Bouches-du-Rhône. Son inéligibilité sera effective lorsque le jugement aura été transmis aux deux institutions.

Au terme d’une instruction de plus de douze années, qui l’avait mis en cause pour de multiples infractions commises entre 1999 et 2011, Jean-Noël Guérini était finalement jugé pour un seul fait : la préemption par le conseil général, au prétexte jugé fallacieux de la protection du liseron duveteux, d’un terrain situé à La Ciotat (Bouches-du-Rhône) qu’il avait ensuite cédé, en 2006, à la communauté d’agglomération du Pays d’Aubagne et de l’Etoile. Cette parcelle mitoyenne de la décharge du Mentaure autorisait l’extension et l’exécution d’un juteux marché public de traitement des déchets dont la société de son frère, Alexandre Guérini, venait d’être attributaire.

Alexandre Guérini, 64 ans, ce « M. Frère » qui dictait sa loi dans les institutions dirigées ou sous l’influence de son aîné élu, est condamné à six ans de prison, à une privation des droits civils et civiques et à une interdiction de gérer une entreprise pendant cinq ans. En dépit de l’ancienneté des faits, dont certains remontent à vingt ans, le tribunal a décerné un mandat de dépôt.

Source : Le Monde, 29/05/2021