Placé en garde à vue pour un litige autour de l’attribution d’un marché public, le maire de Grenoble, Eric Piolle, est ressorti libre

Eric Piolle, le maire (Europe Ecologie-Les Verts, EELV) de Grenoble, a été entendu, mardi 1er juin, sous le régime de la garde à vue à Valence, dans la Drôme, dans le cadre d’une enquête sur des soupçons de favoritisme lors de l’attribution de l’organisation de la Fête des tuiles, un événement créé en 2015 par la municipalité. L’élu est ressorti libre en fin d’après-midi. La municipalité écologiste avait fait l’objet en 2018 d’un signalement de la chambre régionale des comptes, qui avait conclu à « plusieurs irrégularités importantes » dans la passation de marchés publics pour l’organisation de ce rassemblement populaire organisé chaque année par la Ville depuis l’élection de M. Piolle, en 2014. Une plainte contre X pour « favoritisme » avait également été déposée.

Pour la première édition, « le service des marchés publics (…) [avait] exceptionnellement refusé de donner son visa, la procédure ayant été menée par la direction de la communication, sans publicité ni mise en concurrence », notait alors le rapport de la chambre régionale, en 2018. La chambre ajoutait que « la commune [avait] recruté des personnes membres de l’association Fusées, pourtant titulaire du marché (…), ce qui est contraire aux principes de la commande publique ». La même association avait donc été reconduite pour la seconde édition, en 2016, sans mise en concurrence.

En mai 2019, deux Grenobloises proches de l’ancien ministre Alain Carignon (Les Républicains), le principal opposant à M. Piolle à Grenoble, avaient déposé une première plainte, puis une autre, contre X en septembre 2019, avec constitution de partie civile. Cette seconde plainte n’avait pas donné lieu à la saisie d’un juge d’instruction pour des raisons de procédure. Dans la presse, Eric Piolle avait expliqué qu’il avait respecté la procédure et qu’il était victime d’un règlement de comptes politique. L’enquête doit établir si une association locale, Fusées, a été privilégiée lors de l’attribution de l’organisation des deux premières éditions de cette fête, pour des montants respectifs de 123 000 et 128 000 euros, selon Le Dauphiné libéré. La municipalité affirme qu’une mise en concurrence n’était pas nécessaire pour l’attribution de ces marchés publics, précise le quotidien. L’entourage du maire, citant la réponse faite en 2018 par la mairie au rapport, fait valoir que le projet de la Fête des tuiles, avec « les caractéristiques particulières du projet associant création artistique et association du public et des citoyens, n’entre pas dans la définition de la prestation d’organisation d’événement mais bien dans la création artistique ».

Source : Le Monde, 01/06/2021