Devoir de vigilance : le lobbying des multinationales s’intensifie

Alors que la Commission européenne doit présenter un projet de directive très attendu sur le devoir de vigilance d’ici la fin d’année, Total, Bayer ou des géants du textile à l’instar d’Inditex (Zara) investissent dans le lobbying à Bruxelles, dans l’espoir d’assouplir le texte. Ces groupes montent au créneau après l’adoption par le Parlement européen, en mars, d’un rapport plutôt ambitieux, exhortant la Commission à encadrer fortement les pratiques des entreprises comme de leurs filiales à l’étranger. Les eurodéputés souhaitent contraindre les entreprises à « identifier, traiter et corriger » toutes les opérations qui pourraient porter préjudice aux droits humains (le travail forcé, par exemple), à l’environnement (la déforestation, par exemple) ou encore à la « bonne gouvernance » (corruption, pots-de-vin).

Le rapport que publient cette semaine plusieurs ONG, dont Corporate Europe Observatory (CEO) et Les Amis de la Terre-France (une version française du rapport sera disponible en ligne lundi), s’appuie sur des documents confidentiels, qui détaillent le type de lobbying exercé principalement auprès de la « DG Justice » (la direction générale de la justice au sein de la Commission européenne), qui doit rédiger le projet de directive.

BusinessEurope, principal lobby des entreprises auprès de l’UE, dirigé par l’ancien patron du Medef Pierre Gattaz, a notamment fait état de « fortes inquiétudes » dans une lettre adressée au commissaire chargé du dossier, le Belge Didier Reynders. Le lobby propose de « limiter » le devoir de vigilance à « une obligation de moyens, et non de résultats ». Très opposé au texte, BusinessEurope réclame aussi d’exclure le changement climatique du champ d’action ou encore de réduire les responsabilités de l’entreprise au rang un de ses sous-traitants (contre l’intégralité de la chaîne, dans la version défendue par le Parlement).

Source : Mediapart, 17/06/2021