Depuis des décennies, le ramassage des déchets dans la cité phocéenne est soumis à une drôle d’entente entre Force ouvrière et les élus. Un arrangement douteux qui est aujourd’hui remis en question par la fin de l’ère Gaudin et l’érosion du syndicat.
État dans l’État, FO bénéficiait, jusqu’aux dernières élections municipales et l’arrivée à la mairie du Printemps marseillais, d’un accès privilégié, voire exclusif, au cabinet du maire, Jean-Claude Gaudin. Historiquement liés à l’administration de la ville, de la communauté urbaine, puis de la métropole, les chefs du syndicat ont, depuis l’élection de Gaston Defferre, en 1953, la mainmise sur l’évolution des carrières chez les éboueurs, les personnels des écoles et dans l’essentiel de l’appareil municipal, un atout majeur pour « tenir la base ». Mais les temps changent. La victoire de la gauche a scellé la fin du système Gaudin, faisant exploser le camp de la droite. Désormais, la cohabitation impossible entre la mairie et la métropole, restée aux Républicains, trouble le jeu, et ouvre le champ des possibles aux autres syndicats. L’hégémonie de FO est aussi contestée par la base. Depuis les dernières élections professionnelles, en 2018, FO ne détient plus la majorité absolue à la métropole (38 %) ni même à Marseille (43,6 %). Le syndicat n’a, par ailleurs « plus vraiment la main sur les embauches et les carrières », admet son patron. Depuis mars, les organisations syndicales ne siègent plus dans les commissions administratives paritaires, qui décident des promotions et des avancements.
Source : Le Monde, 22/06/2021