Douze personnes, dont plusieurs chefs d’entreprise membres du conseil d’administration de Corsica Maritima Holding (CM Holding), le consortium qui domine l’économie corse, ont été entendus en garde à vue par la police judiciaire, mardi 29 et mercredi 30 juin, dans le cadre d’une instruction judiciaire ouverte en février 2021 par un juge du Parquet national financier pour « prise illégale d’intérêts », « favoritisme », « extorsion en bande organisée », « escroquerie » et « abus de biens sociaux ».
Ce consortium, qui regroupe 150 entreprises, exerce un poids dominant sur l’économie insulaire, en tant que propriétaire du quotidien Corse-Matin et de la compagnie Corsica Linea, titulaire de la délégation de service public pour la desserte maritime de la Corse, qui possède neuf navires et emploie un millier de salariés. Ces gardes à vue s’inscrivent dans la continuité d’une enquête préliminaire ouverte dès 2017 par le Parquet national financier : la police a déjà procédé, en octobre 2017, à une vaste perquisition dans les bureaux des principaux actionnaires du consortium, au domicile de ses dirigeants, ainsi que dans les locaux de la collectivité de Corse. La justice s’interroge sur les conditions dans lesquelles le consortium est devenu propriétaire de la compagnie maritime ainsi que sur la vente avortée de deux navires à la collectivité de Corse, à la tête de laquelle le nationaliste Gilles Simeoni vient d’être réélu.
Source : Mediapart, 02/07/2021