Dans ses déclarations aux juges, auxquelles «Libération» a eu accès, l’ancien magnat de l’automobile réécrit l’histoire de sa chute et contredit les explications de Rachida Dati, mise en examen pour avoir perçu 900 000 euros du groupe automobile.
Alors que Rachida Dati avait expliqué que Carlos Ghosn l’avait sollicitée pour la faire travailler, Ghosn explique qu’elle lui a « proposé ses services après avoir quitté le gouvernement ». Et alors que Dati a assuré qu’elle avait été engagée comme « avocate internationale » dans le cadre « d’une convention d’avocat », l’ancien PDG affirme qu’il avait souhaité charger sa recrue de luxe de missions « de développement de la marque au Moyen-Orient et au Maghreb » et de « diplomatie des affaires ». « Le fait qu’elle soit avocate n’avait aucune importance », ajoute-t-il, la qualifiant « d’ambassadrice unique par les fonctions qu’elle avait occupées, par son caractère, par sa religion ». Son utilité était « stratégique ».
Avocate ou simple consultante au moment des faits, le détail a son importance : un élu européen n’a pas le droit d’exercer une activité de conseil si cette activité n’avait pas démarré avant son élection, alors qu’il peut revêtir la robe. Les juges, qui se basent notamment sur des notes et mails retrouvés lors de perquisitions, ainsi que sur le fait que Rachida Dati n’était pas formellement inscrite au barreau lorsqu’elle a signé sa convention avec le constructeur, semblent convaincues que l’ex-ministre a principalement effectué des missions de lobbying à Strasbourg. Loin du métier d’avocat. Ce que Dati a démenti : « Je n’ai jamais fait quelque action de lobbying que ce soit au Parlement européen. »
Source : Libération, 08/09/2021