Dans un rapport confidentiel consulté par Mediapart, l’Agence française anticorruption démonte les nombreux dysfonctionnements et l’absence de respect des procédures de la chambre de commerce et d’industrie de Nice :
- un cas d’atteinte à la probité supposée où le directeur de l’Institut de formation aéronautique géré par la chambre avait signé un contrat de 7 millions d’euros avec le ministère de la défense du Cameroun, sans en référer à sa hiérarchie. L’audit réalisé par la CCI après la découverte de ce contrat a mis en évidence une série de faits qui ont conduit à la révocation du directeur et au dépôt d’une plainte pour escroquerie auprès du procureur de la République de Nice, le 7 juillet 2015. Mais l’affaire a été classée sans suite le 10 avril 2018, au terme d’une enquête conduite par la police judiciaire.
- une affaire de détournement de fonds publics supposée en 2013, mettant en cause un comptable affecté à la direction des finances qui aurait détourné à son profit 170 000 euros placés sur un compte d’attente, sans qu’aucun contrôle ne soit prévu par les procédures alors en vigueur. Le comptable a été révoqué, mais aucune plainte n’a été déposée.
- des dirigeants qui mènent grand train. Le président, outre son indemnité de frais de mandat, dispose d’une Audi A6 avec chauffeur, d’une carte de crédit « corporate » et se fait rembourser, en moyenne, 5 000 euros de frais mensuels. Jacques Lesieur, le directeur général, bénéficie en sus de son salaire d’une voiture de fonction, d’une carte corporate et de 4 000 euros de frais remboursés chaque mois. Il aurait de plus embauché sa fille avec une rémunération mensuelle brute de 3 331 euros, alors que la rémunération proposée initialement pour le poste était de 1 740 euros brut + treizième mois.
- enfin, le port Vauban fait actuellement l’objet d’une enquête préliminaire, ouverte en mars 2021 par le parquet de Grasse, à la suite d’un signalement d’Anticor relatif à l’attribution du marché à la CCI. Selon l’association anticorruption, la commercialisation de contrats d’amarrage de longue durée ou « garanties d’usage » aux propriétaires de bateaux relèverait d’un « abus de confiance » et d’un « détournement de fonds publics ».
Source : Mediapart, 13/09/2021