Le PNF a requis deux ans de prison dont un ferme contre Patrick Buisson, l’éminence grise de Nicolas Sarkozy, dans le procès au tribunal correctionnel de Paris où l’ancien conseiller et quatre ex-proches de l’ex-locataire de l’Elysée comparaissent pour des soupçons de favoritisme ou de détournement de fonds publics. Car Buisson aura bien profité de son bail élyséen, encaissant jusqu’à 33 000 euros par mois, soit bien plus que le Président en fonction (19 000 euros). L’accusation ne lui reproche pas seulement ses marges «exorbitantes» de 65%, mais l’ensemble du chiffre d’affaires encaissé par sa société Publifact sous la présidence Sarkozy, soit près de deux millions d’euros.
Côté présidence de la République, Claude Guéant, alors secrétaire général de l’Elysée et homme à tout faire de la Sarkozie, en prend principalement pour son grade : un an de prison dont six mois ferme requis contre le « grand manitou qui a ouvert à Patrick Buisson la cassette de l’Elysée. »
L’accusation est bien plus tendre avec Emmanuelle Mignon, alors directrice de cabinet de Nicolas Sarkozy, qui aura vaille que vaille tenté de faire appliquer le code des marchés publics au sein de l’Elysée. Contre cette « nettoyeuse des écuries d’Augias », le PNF ne requiert qu’une simple amende de 10 000 euros, sa « démarche réformatrice » ne compensant pas totalement un « comportement malgré tout délinquant. »
A Pierre Giacometti, ancien patron d’Ipsos reconverti conseiller en communication via sa société No Com, l’accusation reproche une « pratique de mélange des genres sans limite ». Et requiert contre lui six mois de prison avec sursis et 70 000 euros d’amende, à cause de ses « prestations très banales, sans aucune singularité », excluant ainsi tout relation intuitu personae avec le président de la République – qui aurait pu justifier de ne pas recourir à un appel d’offres auprès des multiples sociétés de conseil.
Contre l’institut Ipsos, poursuivi en tant que personne morale, le PNF évoque un « acmé de l’illégalité », avec des sondages livrés sans la moindre facture, à la bonne franquette, comme sous les présidences Mitterrand puis Chirac. Et requiert 500 000 euros d’amende pour son « absence de rigueur contractuelle, invraisemblable pour une société cotée en Bourse. »
Source : Libération, 09/11/2021