Nominations de procureurs : Éric Dupond-Moretti ose tout

Le 3 novembre, la Direction des services judiciaires (DSJ) du ministère a adressé aux responsables de juridictions une note listant des projets de nominations de magistrats, nommée « transparence » dans le jargon judiciaire, et dont Mediapart a pris connaissance.

Parmi les 21 magistrats qui ont candidaté au poste de procureur de la République à Créteil (Val-de-Marne), l’un des plus gros tribunaux de France, le choix de la Chancellerie apparaît en gras. Il s’agit de Stéphane Hardouin, conseiller justice du premier ministre, Jean Castex (depuis juillet 2020), comme l’a signalé France Info.

C’est Stéphane Hardouin qui est notamment chargé de suivre, depuis Matignon, les affaires dans lesquelles Éric Dupond-Moretti a, en octobre 2020, été obligé de se déporter pour cause de conflit d’intérêts, avant même que le ministre ne soit mis en examen par la Cour de justice de la République (CJR). C’est également lui qui a fait pression sur l’Inspection générale de la justice (IGJ) pour nourrir le dossier disciplinaire monté contre un magistrat du Parquet national financier (PNF) qui avait déplu en haut lieu, comme l’a révélé Mediapart. Autant dire que le projet de promouvoir le conseiller de Jean Castex à un poste à fortes responsabilités, devant d’autres candidats plus expérimentés, ne peut que jeter un soupçon sur son indépendance et son impartialité, quelles que soient ses qualités professionnelles et personnelles.

Source : Mediapart, 18/11/2021