Les frères Seydoux soupçonnés d’évasion fiscale

Les frères Seydoux, fratrie de la haute société protestante qui règne depuis des dizaines d’années sur le cinéma mais aussi le football français, sont dans le collimateur du fisc et du Parquet national financier (PNF), qui les soupçonne d’être les bénéficiaires au Canada de trusts non déclarés en France. Ces trusts sont administrés par un gérant de fortune québécois baptisé BlueBridge.

En 2015, Bercy a lancé des contrôles fiscaux. En février 2018, il a aussi porté plainte auprès du PNF, qui a saisi un juge d’instruction et ouvert en février 2019 une information judiciaire pour « fraude fiscale aggravée », « blanchiment aggravé » de cette fraude et « association de malfaiteurs », dans laquelle sont cités les frères Seydoux.

BlueBridge a refusé de donner les noms des bénéficiaires des trusts et saisi successivement la cour fédérale du Canada, puis la cour d’appel fédérale, qui l’ont débouté tour à tour. Il n’aurait pas tenté un ultime recours devant la cour suprême canadienne. Les sommes gérées par Bluebridge seraient revenues en France par deux biais : via un virement effectué directement par le trust canadien sur un compte bancaire français, et via une fondation texane exemptée d’impôts, le Cultural heritage preservation fund, qui reversait ensuite ensuite l’argent à une fondation française reconnue d’utilité publique, la Fondation Jérôme Seydoux-Pathé.

La famille Seydoux est un adepte de longue date des paradis fiscaux. Une partie de sa fortune a longtemps été détenue par Incarel, une société créée au Luxembourg dès 1934, puis rapatriée en France en 2001. Une autre partie a été investie dans le fonds Lepercq Multi Asset Fund, créé aux Antilles néerlandaises, puis transféré aux îles Vierges britanniques, et enfin au Luxembourg. Ou encore dans un autre fonds, Lepercq Partners, immatriculé aux îles Caïmans, puis relocalisé au Luxembourg. Ces deux derniers fonds sont présidés par Thomas Amitabha Riboud (fils de Sophie adopté ensuite par Jérôme), qui est résident fiscal britannique.

Source : Capital, 31/05/2021